« Votre Valentin du moment est-il votre meilleur coup ? »
"#tasjoui?" : Enquête sur le « Gap orgasm » entre hommes et femmes
| |||||||||||||||||||
Votre partenaire actuel est-il le meilleur amant rencontré dans votre vie ? Avez-vous déjà mis fin à une relation car votre partenaire ne parvenait pas à vous faire jouir ? Quel est l'ampleur du « Gap orgasm » entre hommes et femmes ? A l'occasion de la Saint-Valentin, le Département « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l'Ifop a réalisé pour le site de conseil en séduction Online Seduction une enquête faisant le point sur ce sujet ô combien sensible qui l'harmonie sexuelle au sein du couple, l'ampleur du fossé orgasmique existant entre les deux sexes et l'importance donnée à la performance sexuelle du partenaire dans le choix du conjoint.
| |||||||||||||||||||
L'ORGASME DANS LE COUPLE : UN TABOU DE PLUS EN PLUS PESANT ?
La généralisation de modèles conjugaux fondés sur le principe de réciprocité des plaisirs entre partenaires ne s'accompagne pas forcément d'une plus grande transparence sur le degré réel d'harmonie sexuelle au sein du couple.
La simulation n'est certes pas l'apanage de la gent féminine - 42% des hommes assument avoir aussi déjà simulé au moins une fois -, mais elle reste une pratique plus régulière chez les femmes (37%) que chez les hommes (22%), notamment dans les jeunes générations de femmes (50% chez les jeunes de moins de 25 ans) où l'injonction à la jouissance et à la performance sexuelle est plus pesante.
LA SIMULATION D'UN ORGASME AVEC UN PARTENAIRE AU COURS DE SA VIE
A noter que si le mensonge à ce sujet reste deux fois plus répandu dans la gent féminine (38%) que masculine (19%), les hommes ne sont pas les seuls à s'enquérir directement du degré de satisfaction de leur conjoint : à peu près autant d'hommes (68%) que de femmes (72%) se sont déjà vu poser une question de ce type, signe que si l'orgasme masculin est aussi un souci pour la gent féminine, il n'est pas si évident à percevoir pour toutes les femmes.
LA PROPORTION DE PERSONNES AYANT DÉJÀ MENTI À UNE QUESTION DU TYPE « T'AS JOUI ? »
Là aussi, les hommes se sont pas épargnés par le poids de la « norme de l'orgasme » : un sur quatre (24%) admet avoir déjà caché à ses ami(e)s qu'ils ne jouissaient pas avec leur(s) partenaire(s) sexuel(s), sachant que ce manque de transparence atteint des sommets chez les jeunes hommes de moins de 35 ans (72%), sans doute parce qu'ils sont à un âge où la performance sexuelle est fortement valorisée dans l'image que l'on souhaite renvoyer de soi...
LE SILENCE AUTOUR DU MANQUE DE PERFORMANCE DU CONJOINT
Le point de vue de François Kraus : Les effets prescriptifs du discours sur l'importance de la réussite sexuelle du couple semblent avoir encastré la question de la réciprocité du plaisir dans la gestion de la relation conjugale au point d'en faire un tabou de plus en plus pesant. Malgré l'exigence croissante de transparence en matière d'émotions intimes, la place décisive accordée à l'orgasme dans la réussite sexuelle du couple freinerait donc la libre parole sur le sujet, en particulier chez les sujets en phase de construction de leur sexualité et/ou en début de relation. En cela, le succès d'espaces de discussions comme le compte Instagram @tasjoui est sans doute le reflet du besoin profond des femmes de pouvoir libérer leur parole sur le sujet.
L' « ORGASM GAP » ENTRE HOMMES ET FEMMES : MYHTE OU REALITE ?
Si cette étude montre qu'une partie de plus en plus large de la gent féminine souffre régulièrement d'anorgasmie (absence d'orgasme), les difficultés à jouir affectent aussi un nombre significatif d'hommes
Dans le détail des résultats, les femmes rencontrant le plus ces difficultés - 52% en moyenne en ont de manière « assez régulière » -apparaissent surreprésentées dans les rangs des jeunes de moins de 25 ans (62%) et des cadres et professions intellectuelles supérieures (60%) mais aussi chez les femmes en couple depuis peu de temps (54% chez celles depuis moins 3 ans) qui n'ont pas forcément une sexualité conjugale encore bien ajustée à leur plaisir.
LES DIFFICULTÉS À AVOIR UN ORGASME AU COURS DE SA VIE
Toutefois, le « gender gap » n'est pas aussi large qu'on pourrait le croire si l'on en juge par la proportion significative de femmes ayantjoui lors de leur dernier rapport : 74%, soit un taux inférieur à celui observé chez les hommes (86%) mais l'écart entre les deux sexes (-12 points) n'est suffisamment large pour que le terme de « fossé » semble adéquat.
Pour les deux sexes, on observe une prévalence plus forte de l'anorgasmie chez les personnes n'ayant pas de relation affective stable, chez celles étant elles-mêmes peu attentives au plaisir de leur partenaire et chez les Français trouvant ce dernière moins beau/belle qu'elles. Toutefois, les hommes et les femmes n'ayant pas eu un orgasme à cette occasion ne présentent pas le même profil. En effet, alors que chez les femmes, l'absence de jouissance touche avant tout les jeunes (31% des moins de 30 ans) et les CSP+ (38%), les hommes les plus touchés sont, eux, surreprésentés parmi les seniors (14% des 70 ans et plus) et les catégories populaires (20%).
L'OBTENTION PAR LE RÉPONDANT D'UN ORGASME AU COURS DE SON DERNIER RAPPORT SEXUEL
LA PERFORMANCE SEXUELLE DU CONJOINT : UNE EXIGENCE PAS AUSSI FORTE QUE CA...
Votre partenaire actuel est-il le meilleur amant rencontré dans votre vie ? Avez-vous déjà mis fin à une relation car votre partenaire ne parvenait pas à vous faire jouir ? Diriez-vous qu'il est attentif au fait que vous atteignez l'orgasme ? La réponse à ces questions tend à relativiser quelque peu l'importance donnée à la performance sexuelle du partenaire dans le choix du conjoint.
LA PROPORTION DE PERSONNES DONT LE PARTENAIRE ACTUEL N'EST PAS LE MEILLEUR COUP
Les hommes donnent d'ailleurs moins d'importance que les femmes à la performance sexuelle du partenaire dans le choix de leur conjoint, ce qui tient sans doute au fait que leur propre jouissance est moins un problème et donc moins un critère de choix.
LA SANCTION DU MANQUE DE PERFORMANCE DU CONJOINT
L'ATTENTION PORTÉE PAR SON PARTENAIRE À SON PLAISIR
Le point de vue de François Kraus : Si les résultats de cette étude confirment que les femmes ont toujours plus de difficultés à jouir que les hommes, ils battent aussi en brèche les idées reçues selon lesquelles l'absence d'orgasme affecterait essentiellement la gent féminine ou que la majeure partie des hommes ne porteraient pas attention au plaisir de leur partenaires. En effet, il apparait non seulement que les hommes sont loin d'être épargnés par les problèmes existant autour de l'orgasme dans le couple (ex : anorgasmie, simulation...) mais aussi qu'ils sont très majoritairement attentifs - aux dires des femmes elles-mêmes - au plaisir de leur partenaire. En cela, la résolution des inégalités d'accès à l'orgasme entre les deux sexes semblerait donc moins une question de volonté de la gent masculine - exprimée par les hommes autant qu'elle est massivement perçue par les femmes - que de mise en œuvre et d'application des scripts et techniques procurant le plus facilement un orgasme féminin.
François Kraus - Directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l'Ifop
| |||||||||||||||||||
[1] Étude Ipsos pour VSD réalisée par téléphone les 13 et 14 février 1998 auprès d'un échantillon de 434 femmes âgées de 18 à 65 ans, extrait d'un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La formulation de la question était la suivante : Vous arrive-t-il de simuler l'orgasme ? ».
[2] Enquête CSF réalisée par téléphone entre septembre 2005 et mars 2006 auprès de 12 364 personnes, constituant un échantillon aléatoire de la population âgée de 18 à 69 ans résidant en France métropolitaine. La question était formulée de la manière suivante : « (...) « Au cours des 12 derniers mois, avez-vous eu des difficultés à atteindre l'orgasme ? ». La comparaison des résultats est à interpréter avec prudence en raison des différences de mode de recueil et de formulation.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire