vendredi 1 mars 2019

Masturbation, sodomie, sextoys, pénétration du partenaire...
Où en est la vie sexuelle des Françaises en 2019 ?














C:\Users\p_cebille\Desktop\Elle.png
Diffusion vendredi 15 février à 6h00 du matin

Paris, le 14 février 2019 Cinquante ans après Mai 68, quel rapport les Françaises entretiennent-elles avec leur sexualité ? Sont-elles plus audacieuses, plus libres ? Qu'a changé #MeToo dans le rapport des femmes au sexe et à la séduction ? Quelles pratiques ont le vent en poupe : masturbation, sex-toys, sodomie, pénétration anale du partenaire... ? La popularisation du discours féministe a-t-elle rejailli sur les comportements intimes des femmes ? Sont-elles plus libres dans leurs pratiques, plus conscientes de leurs désirs, plus à l'aise avec leur corps ? Pour répondre à toutes ces questions, ELLE fait réaliser par le Département « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l'Ifop une grande enquête pour observer les évolutions des pratiques sexuelles des Françaises mais aussi de leur relation au corps, au couple et au plaisir.

LE CHIFFRES CLES DE L'ENQUETE

La comparaison des résultats de cette étude avec ceux des enquêtes de référence réalisées au cours des 50 dernières années (Rapport Simon 1970, ACSF 1992, CSF 2006,...) met en lumière plusieurs grandes tendances :

Une plus grande autonomie du plaisir féminin en lien avec un essor du recours à la pornographie et aux sextoys

Jamais les Françaises n'ont été aussi nombreuses à succomber aux joies de l'onanisme... En 2019, trois femmes sur quatre (76%) admettent s'être déjà masturbées au cours de leur vie, contre 60% en 2006 (CSF), 42% en 1992 (ACSF) et à peine 19% en 1970 (Rapport Simon). En l'espace de près de 50 ans, la proportion de femmes déclarant s'être livrées à la masturbation a donc été multipliée par quatre.

Cette généralisation de l'auto-érotisme féminin apparaît intrinsèquement liée à un accès plus large des Françaises à des supports d'excitation sexuelle comme les films ou des images pornographiques : une femme sur deux (47%) admettant avoir déjà été sur un site X, soit une proportion plus de dix fois supérieure à celle observée en 2006 (4%).

La pratique de la masturbation tend également à se banaliser sous l'effet d'une explosion du nombre de femmes utilisant des objets de stimulation physique près d'une Française sur deux (43%) admet en 2019 avoir déjà utilisé un vibromasseur, contre un peu plus d'une sur trois il y a cinq ans (37% en 2012) et à peine 9% il y a douze ans (2007).

Un répertoire sexuel de plus en plus diversifié si l'on en juge par la généralisation de certaines pratiques comme la fellation, le cunnilingus ou la sodomie

Symbole de la conquête de l'indépendance sexuelle des femmes, l'essor de l'onanisme féminin va de pair avec un élargissement du répertoire sexuel si l'on juge par la banalisation de certaines pratiques bucco-génitales - comme la fellation ou le cunnilingus - ou anales (sodomie, anulingus).
Aujourd'hui, les pratiques orales constituent une composante courante de leur sexualité. En cinquante ans, le nombre de nombre de femmes ayant déjà léché le sexe de leur partenaire a en effet fortement progressé (+36 points) au point d'atteindre des seuils très proches (91%) de ceux des hommes (89%), signe d'une certaine réciprocité dans l'échange de ce genre de caresses fréquemment associées aux phases de préliminaires.
Si l'exploration du versant anal de sa sexualité tend plus à venir avec l'âge, il est intéressant de noter que la sodomie est désormais une pratique majoritaire : 53% des femmes s'y sont prêtées au moins une fois. Et cette pratique s'est elle aussi fortement banalisée au cours des 50 dernières années : la proportion de femmes s'étant déjà adonnées à la pénétration anale a été quasiment multipliée par quatre depuis 1970 (14%).

Pénétrer l'homme : vers une plus grande disposition à inverser les rôles sexuels traditionnels
Cette propension des femmes à assumer un rôle sexuel plus actif transparaît aussi dans l'adoption de comportements transgressant les normes de genre telles que la pénétration digitale de l'anus de son partenaire (22%) ou l'administration d'un anulingus à un homme (15%).
Chez les femmes des milieux populaires, on observe en effet une plus grande « rigidité de genre » dans leurs pratiques anales avec les hommes : à peine 7% des ouvrières ont déjà pénétré l'anus de leur partenaire avec un doigt, soit quatre fois moins que les cadres et professions intellectuelles supérieures (33%). A la lecture de ces résultats, certains hommes parviennent donc moins aisément que d'autres à s'écarter des normes, sans doute en raison de leurs difficultés à admettre la part de féminité associée à la passivité sexuelle et par là le risque d'une potentielle remise en cause leur identité de genre.
Etroitement liée à la diffusion du plaisir prostatique chez les hommes hétérosexuels, cette "inversion" des rôles s'avère symptomatique de l'idéal d'égalité et de réciprocité qui imprègne désormais le discours normatif sur la sexualité de couple et, plus largement, d'une certaine remise en cause du clivage « pénétrant/pénétré » structurant traditionnellement les représentations sociales et culturelles de la sexualité hétérosexuelle.
Un détachement face à l'injonction de la sexualité intensive et la norme de l'orgasme systématique

Contrairement aux idées reçues, la sexualité n'est une nécessité dans le couple. En effet, près de deux Françaises sur trois pourraient continuer à vivre avec quelqu'un sans rapports sexuels (65%), soit une proportion en hausse continue depuis 40 ans, puisque c'était le cas pour 51% des femmes en 2000, et 44% en 1981.

Malgré les discours sur l'importance de la réussite sexuelle du couple et la réciprocité du plaisir entre partenaires, le « devoir d'orgasme » parait de moins en moins prégnant :seules trois femmes sur dix estiment qu'un rapport sexuel est raté si sans orgasme (28%), tandis qu'elles étaient quatre sur dix vingt ans plus tôt (41%).

Entre maillot intégral et retour du poil : vers  une polarisation des formes d'épilation intime ?

En matière d'épilation, on observe deux tendances totalement contradictoires. D'un côté, une forte progression du nombre femmes qui ne s'épilent pas le sexe - 24%, contre 15% en 2013 - et, de l'autre, une évolution analogue du maillot intégral, passé de 14 à 22% de pratiquantes en l'espace de 6 ans, principalement pour plaire aux partenaires, notamment aux adeptes de pratiques comme le cunnilingus.

Serait-on confronté à une polarisation de l'épilation ? En regardant les chiffres au plus près, on réalise que les clivages sont plus subtils : Seules 11des jeunes de moins de 25 ans ne s'épilent pas alors que plus de la moitié (54%) optent pour l'épilation intégrale ! Le retour au poil ne concerne donc pas les jeunes.

L'effet sur les relations hommes / femmes entre sororité et libération de la parole

L'impact de #MeToo est contrasté : on note un incroyable regain de vigilance, avec 60% de femmes qui se disent plus attentives en cas de gestes déplacés à leur égard ou à celuid'autres femmes. De même, on observe une libération de la parole chez les jeunes de moins de 25 ans 71% évoquent plus facilement leurs expériences de harcèlement, de discrimination ou d'agression à caractère sexuels, contre une moyenne de 43% chez l'ensemble des Françaises.

Les relations entre les femmes et les hommes semblent avoir peu changé : seule une Française sur quatre trouve les hommes plus inhibés ou réservés (25%), et seules 15% d'entre elles prend plus les devants en matière de séduction.

Concernant les applis ou sites de rencontre, deux femmes sur dix déclarent s'y être déjà inscrites (22%), un chiffre qui a plus que doublé en treize ans. Parmi les inscrites, près de deux femmes sur dix recherchent juste des aventures sans lendemain (19%), un chiffre en augmentation par rapport à 2012 (+6% en sept ans).

Moix or not Moix : la question de  l'écart d'âge entre conjoints

Huit Françaises sur dix se déclarent prêtes à s'afficher en couple avec un homme ayant 10 ans de moins qu'elles (79%). Un chiffre qui augmente avec le niveau de vie et de profession, pour atteindre 89% chez les cadres et professions intellectuelles supérieures.

A l'inverse, seule une femme de moins de 40 ans sur trois pourrait avoir un rapport sexuel avec un homme de 50 ans (33%), sachant que cette proportion descend à 17% chez les répondantes de moins de 30 ans.

LES PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DE L'ENQUETE

1) L'ONANISME : UNE PRATIQUE PLUS RÉPANDUE QUE DANS LES GENERATIONS PRÉCEDENTES
D'après ces résultats, jamais les Françaises n'ont été aussi nombreuses à succomber aux joies de l'onanisme... En 2019, trois femmes sur quatre (76%) admettent s'être déjà masturbées au cours de leur vie, contre 60% en 2006 (CSF), 42% en 1992 (ACSF) et à peine 19% en 1970 (Rapport Simon). En l'espace de près de 50 ans, la proportion de femmes s'étant déjà livrées à la masturbation a donc été multipliée par quatre.
Les femmes rattrapent-elles pour autant les hommes en la matière ? Pas encore... Malgré ce net rapprochement des comportements des deux sexes, l'auto-sexualité reste une expérience plus répandue chez les hommes (95%) que chez les femmes (76%) et, surtout, une pratique beaucoup plus occasionnelle dans la gent féminine : seules 14% des femmes admettent aujourd'hui se masturbent « souvent », contre 28% des hommes.
Symptomatique d'une évolution des normes culturelles pesant sur la sexualité féminine, cette plus forte propension des femmes à se masturber met en évidence leur plus grande aisance à assumer la part purement individuelle et compulsive de leur sexualité et plus largement leurs moindres réticences à avoir et/ou à assumer un acte sexuel ne se situant pas dans le cadre socialement « acceptable » du couple. Malgré un net rapprochement des comportements des deux sexes en la matière, la masturbation est toutefois encore loin de devenir une composante de leur répertoire sexuel aussi ordinaire que dans celui des hommes.
Mais une fois ce constat établi, comment expliquer le progrès spectaculaire des comportements onanistes des femmes ces dernières années, alors même que l'asymétrie entre les sexes apparaissait dans ce domaine comme une constante de la sociologie des comportements sexuels ?
Si cet essor de la masturbation féminine est évident à lier à un changement des représentations culturelles et des discours publics - par exemple dans le cinéma, la musique ou les séries TV - autour d'une pratique longtemps perçue comme un piètre substitut au coït hétérosexuel, il va aussi de pair avec un accès plus large des femmes à des supports d'excitation (ex : pornographie en ligne, livres érotiques) ou à des objets d'autostimulation (sextoys) plus adaptés aux attentes du public féminin.

2) UN ACCES PLUS LARGE A DES SUPPORTS D'EXCITATION OU D'AUTOSTIMULATION PHYSIQUE
 Cette généralisation de l'auto-érotisme féminin apparaît intrinsèquement liée à un accès plus large des Françaises à de supports d'excitation sexuelle comme les films ou des images pornographiques : une femme sur deux (47%) admettant avoir déjà été sur un site X, soit une proportion plus de dix fois supérieure à celle observée en 2006 [1].
La pratique de la masturbation tend également à se banaliser sous l'effet d'une explosion du nombre de femmes utilisant des objets comme les sextoys près d'une Française sur deux (47%) admet en 2019 en avoir déjà utilisé un vibromasseur (seule ou à deux), contre un peu plus d'une sur trois il y a cinq ans (37% en 2012) et à peine 9% il y a dix ans (2007).
Certes, l'usage du sextoy peut se faire aussi en duo mais la proportion mesurée pour ELLE correspond plus ou moins au taux observé dans de précédentes enquête (Dorcelle.com 2017) sur le nombre de femmes en ayant utilisé en solo (40% au moins une fois au cours de leur vie).
Mais à quoi tient un tel « boom » de l'usage des sextoys ?

 Ce « boom » découle d'un changement radical à la fois des produits et des représentations qui leurs sont associées. Pour le comprendre, il est ainsi important de rappeler que leurs circuits de commercialisation ont radicalement changé à partir du milieu des années 2000 avec l'essor de sites de vente en ligne et leur apparition dans les boutiques de centre-ville, en grande surface ou dans des magasins spécialisés (de type loveshops), nettement plus engageants pour les femmes que les sex-shops des quartiers chauds. Permettant à ces jouets érotiques de quitter l'univers déclassé et vulgaire des sex-shops traditionnels associés aux clichés d'une clientèle d'hommes célibataires et libidineux, ce changement des modes de distribution s'est accompagné d'un renouvellement radical des produits au niveau du style. S'émancipant des représentations mimétiques du membre masculin au profit d'une apparence plus élégante et raffinée, une nouvelle génération de sextoys s'est imposée dans une registre ludique plus à même de répondre aux attentes du public féminin [2]. Enfin, ce renouvellement de l'offre est allé de pair avec un changement profond des représentations associées aux vibromasseurs, amorcé par la presse féminine, les blogs ou des séries populaires. D'objets « malsains » perçus comme des substituts à une sexualité défaillante ou comme le symbole d'une frustration sexuelle, ces jouets érotiques sont de plus en plus apparus comme des accélérateurs de plaisir, objets d'entrainement ou d'amélioration du plaisir en solo ou en duo.

3) FELLATION, CUNNILINGUS,  SODOMIE... UN REPERTOIRE SEXUEL DE PLUS EN PLUS DIVERSIFIÉ
Symbole de la conquête de l'indépendance sexuelle des femmes, l'essor de l'onanisme féminin va de pair avec un élargissement du répertoire sexuel  si l'on juge par la banalisation de certaines pratiques bucco-génitales - comme la fellation ou le cunnilingus - ou anales (sodomie, anulingus).
Aujourd'hui, les pratiques orales constituent une composante courante de leur sexualité


0 commentaires:

Enregistrer un commentaire